Natalie Sappier-Samaqani Cocachq (« l'Esprit de l'eau ») a grandi dans la Première Nation de Tobique, au Nouveau-Brunswick. Sa passion pour l'art découle d'une enfance passée en communion avec la nature, en jouant dans les arbres et en s'assoyant près de l'eau.
Après avoir terminé ses études au Collège d'artisanat et de design du Nouveau-Brunswick, Mme Sappier a donné libre cours à son expression créatrice par les arts visuels et la narration, ce qui l'a incité à continuer d'explorer ses racines autochtones au travers des cérémonies traditionnelles, des enseignements, de la langue et de la médecine autochtones.
Dans le cadre de son parcours artistique, Mme Sappier a commencé à intégrer la performance à son œuvre comme moyen d'exprimer davantage sa façon de voir le monde. En 2015, elle a été nommée artiste en résidence à Theatre New Brunswick, où elle a conçu sa première production, intitulée Finding Wolastoq Voice. Pour souligner l'initiative Oh Canada : jeune de 150 ans de l'OJNB, Mme Sappier a créé une œuvre visuelle qui représente cet événement selon une perspective des Premières Nations en articulant le passé avec l'avenir, et les temps modernes avec la nature.
C'est seulement récemment que je puisse dire que j'ai voyagé avec intensité à travers tous nos paysages du Nouveau-Brunswick, parmi les terres et les eaux de mon peuple Wolastoq et celles de nos frères et soeurs Mik'maq. Les collines et les vallées, les ruisseaux, rivières et lacs, la lumière et l'ombre de la terre chantent et tambourinent les vérités et les rythmes de nos ancêtres.
Lors de la première occasion où j'ai entendu jouer l'Orchestre des jeunes du Nouveau-Brunswick, je fus transportée magicalement et musicalement dans tous les coins de ma terre d'origine. La musique, toujours une forte inspiration dans le processus de ma créativité, m'éveille et vivifie mon imagination.
Les premières notes du violoncelle m'ont ramenée à St Andrews où sommeille la baleine. Je me suis tenue debout dans les eaux de wampum, j'ai cheminé sur le rivage aux sons du violon. J'ai marché avec douceur, mais avec force aussi, mon violon et moi; nous étions comme des silhouettes qui défilent au milieu d'un paysage peint sur toile.
L'harmonie subtile de la harpe m'a ramenée dans la forêt où, enfant, j'avais joué. La harpe a émue cette enfant, enchantée par la pureté des feuilles qui dansaient dans le vent, et par les oiseaux qui chantaient, en sautillant de branche en branche. Puis, des anges, pareils à nos aigles voltigeurs-danseurs, s'y joignirent, nous laissant en cadeau leurs plumes, comme souvenirs de l'amour qui nous soutiens.
Puis, ce fut le déchaînement du tonnerre, le grondement des racines, comme ceux des cors de l'orchestre, et j'entends l'ours. Le côté-coeur de mon esprit s'éveille et je souris. Le remède guérisseur de l'ours se déplace tout autour de nous, nous protégeant, nous donnant de la force, nous gardant au chaud et bien nourris. A travers l'orchestre, ce remède de l'ours me pénètre et je ressens de la joie.
Avec l'Orchestre des jeunes du Nouveau-Brunswick, j'entend et j'entrevois nos futurs chefs, qui apporteront d'énormes contributions au discours musical, et qui seront aisés dans un langage qui exprime l'émotion, la guérison, la fierté et la vérité.
La musique créée par ces jeunes musiciens me comble de fierté. Ces derniers, mes frères et soeurs du Nouveau-Brunswick, m'inspirent, me réveillent, et me transportent à travers les paysages de mon berceau.
La beauté innée de cette musique me rappelle de faire la pause et d'écouter attentivement à ce que notre environnement nous dit. Et cet environnement nous appelle tous, avec urgence, à partager nos histoires, parce que, ensemble, Nous Sommes CHEZ NOUS.
- Samaqani Cocahq (Natalie Sappier)
